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JeanMichelHUSSON                                                                                            ©Josef GUINZBOURG

 

 

Enfant, JMH construisait des maisons en " Lego ", photographiait avec des objets inattendus, plus tard, il cadrait dans le viseur du Kodak de ses parents. Pendant qu’il étudiait l’architecture, il regardait les images de shulmann, les travaux de Gropius ou Scharoun en lisant l’intégral des romans de Wiechert, de Zweig ou encore de Schnitzler et écoutant les derniers quatuors de LV Beethoven. A l’école des Beaux arts, la pratique de la gravure sur zinc, l’utilisation de la tôle brute à peine nettoyée lui révéla à l’instar de la fresque antique, la conscience du temps, l’image que l’on regarde aujourd’hui indissociable de son support altéré et révélée grâce à ce support altéré.

 

Encore étudiant, au début des années 80, il travaille comme assistant décorateur puis très rapidement chef décorateur pour la télévision et plus tard pour le théâtre. Il collabore avec Jean Dewever, Georges Levy et entre autre Walter Wottitz, l’utilisation de la lumière et en particulier de la lumière artificielle par ce dernier  impressionne durablement la manière dont JMH utilisera lui-même cette lumière en studio . D’emblée, à 22ans, JMH, rencontre et travaille dans un monde professionnel, un monde de référence et d'expérience où l’expérimentation ne sera pas un argument mais où la "lecture, l'interprétation" d'un scénario aura toute sa place.

 

La rencontre de l’exposition photographique de Claude Philippot, "  Point de Vue " à la fin des années 80 lui rappellera ses propres travaux de gravure réalisés au début de la décennie.

 

Et quand, au début des années 90, Jean Michel Husson publie ses premières photographies dans " Vis A Vis international " ou " European Landscape " il comprend que ces images sont la conjonction de ses enthousiasmes passés. Suivent des séries de portraits et de paysages comme " Littoral " qui seront exposés à l’espace " Electra " et dans certains Instituts Français à l’étranger. A propos de l’exposition " Comma " en 1995 Serge Therol résumera sa photographie en écrivant : " la lecture des images projette immédiatement dans l’univers de la pensée où le cadre photographique énonce les principes simples de la construction et du temps, chacune des images révèle une organisation de la surface, propose un cheminement narratif, plonge le spectateur dans une atemporalité où le syncrétisme des références aide à décliner le parti pris esthétique duquel procède la photographie de Jean Michel Husson – photographie courageuse, fidèle et précieuse dont l’intention, toujours, attise les impressions de douceur et de délicatesse "

 

L’abandon progressif de la photographie argentique au profit de la photographie digitale provoque un certain désarroi tant la qualité de l’une n’est pas à l’égal de l’autre, puis les progrès technologiques inversent cette réalité et les possibilités qu’offre le numérique deviennent telles que tout est possible, trop sans doute. La série de photographies " Inconnus familiers " exposée à l’étranger en est une expression.

 

A la demande de " Surface Sensible " en 2010, « Chant de la terre » est une série de 20 images dont une part sera exposée dans les parcs et jardins de Lorraine et la totalité au Musée Stibbert de Florence. Ces photographies sont réalisées avec 2 mises au point et à 2 profondeurs de champ différentes, la superposition relative tend à retrouver une vision subjective comme le regard qui privilégie certaines parties d’une image et passe du détail au général. L’argument de la fresque n’est jamais très loin.

 

Avec "mythologie" en 2012, il confronte pour la première fois ses photographies aux peintures de Sophie Guinzbourg son épouse, aux photographies de son fils Josef et aux textes fondateurs des mythologies. Le point de vue des victimes fera écho à la brutalité des héros.

" C'est la réalité même qui se présente dans l'unité surprenante de toutes ces images, mais avec cette "aura" si particulière qui j'ajoute par le geste d'art - particulièrement celui du photographe. Le photographe n'ajoute rien, n'interprète pas même : il accorde son récit dans l'immédiat à un invu 'miraculeux' - la gloire cachée de notre existence. C'est bien geste d'homme qui s'accorde (comme on dit 'musicalement') à l'inconnu originel. " Raymond OILLET

 

Mais encore s’agit-il souvent de forme.

Il y a aussi le fond et le pourquoi, disons le " quoi ". La réponse au pourquoi est toujours très simple : on ne peut pas faire autrement ; C’est tout.

Le " fond " est assujetti au " quoi " nécessairement puisse qu’il est question là du regard porté sur les " choses ", ce que certain appelle " l’œil ". Le "quoi" photographier est le fond de la question. Photographier l’exceptionnel n’a rien de particulier, puisque l’exceptionnel est déjà exceptionnel. Cependant, photographier la tendance du moment, un paysage à l’autre bout du monde ou l’instant d’une catastrophe est-il suffisant pour apporter un " supplément d’âme " ?

Là où il est, JMH, pose le pied de sa chambre, au quotidien, il attend la lumière qui donnera à sa composition le "sentiment" dont parle Claude Philippot , temps long dans lequel il met en pause/pose un fragment de vie, instant d'éternité.

Quel instant ?

"-Tu regardes un visage. Tu le vois une minute, deux tout au plus. Et pendant ce temps très court, le visage est tiraillé de sollicitations accidentelles, absorbé par des soucis triviaux. Après quoi, tu garderas en mémoire l'image d'un homme ou d'une femme avilis par des tracasseries vulgaires. Or suppose que cette même personne vienne poser dans mon atelier. Non une minute ou deux, mais douze fois une heure, réparties sur un mois par exemple. L'image que j'en ferai sera lavée des salissures du moment, des mille petites agressions quotidiennes, des menues bassesses qu'inflige à tout un chacun la banalité domestique." Michel Tournier. La goutte d'or 1986.

 

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